PROSE POETIQUE: L'amour d'Albi, l'amour des gens

Le treizième livre d'Hervé Rougier. Vadrouilleur aussi dans la ville qu'il aime tant : Albi. Du Peyroulié qu'il habite, au Vigan, cadre des chroniques du livre, il connaît tous les chemins, parcourus le plus souvent à pied. Passage obligé : la banale zone artisanale et industrielle de la plaine de Jarlard, jadis siège de belles fermes. Le Vigan, selon les saisons et le temps qu'il fait, c'est le lieu des rencontres avec les gens. Le Pontié est havre idéal. L'horloge familière de l'immeuble de La Dépêche ouvre son gros oeil sur la place. Hervé Rougier, plus encore que dans les autres livres, ouvre son coeur sur la nature, les arbres et fleurs de la ville, les oiseaux dont une mésange bleue et surtout les gens qu'il rencontrer ou fait se rencontrer avec sa liberté d'écrivain."Vigan"(il supprime l'article par familiarité), c'est le forum où on échange sur l'histoire, le monde, pour qu'il soit meilleur. Vosgien, Rougier sait les malheurs des guerres. Pacifiste, il imagine pour le 14 juillet un défilé de femmes portant le noir du deuil. On retrouve sa famille, ses amis vivants ou disparus : Elza, la fille au verger, les poètes H. Cheyron, R. Rouquier, S. Raynal, Ch. Tarroux ; les hommes de plume J. Roques, Jos Sabac, le plasticien G.L. Marchai, le photographe A. Durand, le peintre Bajen, les musiciens de la Talvera et tant d'autres, avec qui l'auteur partage la connivence et l'amitié.
Pour lui c'est la poésie qui»protège de la violence du monde». Elle est amour, paix, apaisement, rêverie... elle nous ouvre les yeux sur la beauté du monde et des êtres. C'est la leçon de sagesse qu'il tire de la contemplation de la nature et des rencontres avec les gens. Une empathie qu'on pourrait qualifier de panthéiste à la Rousseau ou de franciscaine. L'écriture est belle. Dépouillée, elle va à l'essentiel. Il faut vite découvrir cette oeuvre qui nous touche tant perce que sincère, belle et bonne.
Robert FABRE
Le cahier loisirs Tarn Libre du 11 au 17 septembre 2015