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Rennes-le-Château, la passion de Maître Salaün

Rennes-le-Château, la passion de Maître Salaün

Écrit par  dimanche, 23 août 2015

PAR GILLES DEBERNARDI
Il étudie le dossier depuis un quart de siècle, sans jamais se lasser d'en disséquer les mille et une pistes. L'affaire qui mobilise ainsi l'énergie du bâtonnier d'Albertville ne relève pourtant pas des tribunaux. Elle trouve racine loin de la cité olympique, en pays cathare, quelque part entre Carcassonne et Limoux.
Chaque année, quinze jours au moins, André Salaün s'installe donc dans l'Aude. L'oeil vif et le coeur battant: «Oui, la plupart de mes vacances, je les passe là-bas. » Un gîte rural lui lient lieu d'hébergement, la campagne environnante de terrain d'exploration et les archives départementales de salle d'études. Ce qui l'obsède? Le mystère qui hante Rennes-le-Château, pittoresque « bout du monde » où courent tant de fantasmes. La frénésie a fini par gagner la planète, un site internet pléthorique en témoigne.   
Tout a commencé en 1885, avec l'arrivée d'un nouveau curé dans la paroisse. Fils aîné d'une modeste famille locale, farouche antirépublicain, Bérenger Saunière a 33 ans et pas un sou en poche. Courageux, il entreprend seul la réfection de l'église Sainte Marie-Madeleine presque en ruines. Jusqu'à y exhumer une dalle couvrant le tombeau d'anciens chevaliers, peut-être aussi quelques bijoux et des parchemins extraordinaires... Va savoir. En tout cas, l'archéologue amateur in¬siste. À l'abri des regards indiscrets, ses fouilles s'étendent au cimetière. Et les finances s'améliorent. L'église se trouve bientôt restaurée avec éclat... et un rien de bizarrerie. Un diable effrayant en orne l'entrée. On croit reconnaître, à l'intérieur du bâtiment, des symboles maçonniques et rosicruciens. On croit, l'imagination gambade.
                                     «Vous marchez sur de l'or et ne le savez pas!»              Vers 1900, le bon pasteur vire mégalomane. Autour du presbytère, il ordonne la construction d'un imposant domaine. La villa Béthanie, d'abord, somptueuse bâtisse à la mode Renaissance qui recevra des invités prestigieux (tels les descendants des Habsbourg). L'ensemble, circonscrit par un impressionnant chemin de ronde, se trouve agrémenté de vastes jardins. Voici une véranda pour l'orangeraie, un kiosque à musique, et surtout la tour Magdala qui surplombe la vallée. Dans ce monument néo-gothique, tout droit sorti d'un roman de Walter Scott, à quoi rêve le curé? La grandiose propriété est vite mise au nom de sa jeune servante, Marie Denarnaud, manière d'anticiper la prochaine confiscation des biens de l'Église par l'État. Jusqu'à sa mort, en 1953, l'héritière entretiendra la légende auprès
 des villageois : « Vous marchez sur de l'or et ne le savez pas ! ». L'abbé sulfureux, lui, est mort en 1917, en délicatesse avec l'évêque qui lui reproche notamment «un trafic de messes ». Au nom du pèze, la pieuse magouille suffirait à expliquer son en¬richissement spectaculaire? Non, bien sûr. Un fabuleux magot doit domir dans la campagne. Alors, horde cosmopolite, .des chercheurs plus ou. moins sérieux rappliquent. « Fadas de l'occultisme et enragés du bizarre constituent une grosse partie de la troupe. Leur place serait plutôt dans un hameau voisin appelé Fourtou ! » s'amuse André Salaün.                                                                                                              Les Templiers plutôt que les Wisigoths...
Esprit cartésien, l'Albertvillois ignore les chemins de l'ésotérisme farfelu. 400 bouquins, écrits dans plusieurs langues, traitent déjà le sujet. Chaque auteur y présente sa théorie pour résoudre l'énigme. Certains prônent l'existence de mystérieux documents qui remettent en cause la papauté, le trône de France, les Mérovingiens. Voire carrément les Évangiles : Jésus-Christ serait enterré sur la commune, aux côtés de Marie-Madeleine...I1 y a aussi la version "Soupe aux choux", l'ecclésiastique rencontrant des extraterrestres. À. peine chassé, le surnaturel revient au galop. D'autres défendent mordicus le trésor des Cathares,
 les joyaux de Blanche de Castille moins que les Wisigoths n'aient enfoui ici leur butin après le sac de Rome...
Dans son dernier livre, mené avec rigueur d'une instruction judiciaire l'avocat savoyard s'applique «à fermer les portes». La plupart des thèses avancées ne résistent pas à vérifications historiques. Lui n'ira pas creuser: à tort et à travers. Avant de prendre la pelle, il lui faut des indices sérieux. Une cavité sous un mur, exemple : «J'ai ainsi pu découvrir fonderie du Moyen-Age située d'une mine de cuivre. » Bonne pioche mais qui ne révèle pas "le grand secret ". Le ténor du barreau, à mi-voix, confie pourtant tenir deux pistes sérieuses. Primo, le roi de Majorque a mis ses biens précieux en sécurité dans le village. Secundo, les Templiers de Perpignan ont caché leur trésor un peu plus loin. Où ça? «J'en  ai une idéee assez précise, mais je préfère ne pas la révéler pour éviter d'inévitables gradations ». Légitime prudence passion pousse aux excès. On dit l'abbé Saunière, comme Jupiter, rend fous ceux qu'il veut perdre. Puis tenace Me Salaün ne pas succomber à la malédiction. D'autant que ses vacances à     Rennes-le-Château risquent de durer encore très très longtemps.
"Mystères et secrets de Rennes-le-Château" par André Salaün, aux éditions Lacour. (www.eclitions-lacour.com)

Le Dauphiné 5 juin 2015

Lu 6 fois Dernière modification le vendredi, 21 juin 2019

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