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Midi Libre, Nîmes: Lacour : sept générations ont écrit l'histoire du livre

Midi Libre, Nîmes: Lacour : sept générations ont écrit l'histoire du livre

Écrit par  dimanche, 26 février 2012

Cette semaine Midi Libre va à la rencontre des commerces qui défient le temps.

 

 
Nîmois pur sucre, Christian Lacour ne saurait faillir à sa mission de réédition du patrimoine écrit.
                      Nîmois pur sucre, Christian Lacour ne saurait faillir à sa mission de réédition du patrimoine écrit. (© D.R)

A tout seigneur. Parmi ces entreprises qui résistent au temps, la maison Ollé-Lacour est exemplaire. Unique et remarquable. Installée dans le passage Guérin depuis 1869, cette dynastie de colporteurs et de libraires n’a jamais cessé de développer ce fonds. Son actuel dirigeant, Christian Lacour, septième génération de la lignée, parcourt encore chaque année quelque 80 000 km sur les traces de ses ancêtres. Cinquante fois par an depuis un quart de siècle, de la Lorraine à la Corse, il continue inlassablement à véhiculer dans sa malle "le patrimoine écrit du grand Sud, colossal par rapport à celui du Nord", et à écrire l’histoire du livre à travers celle de sa famille. 

Christian Lacour, éditeur : "Libre, indépendant et non subventionné"

Car cet éditeur, "libre, indépendant et non subventionné", cet "accoucheur de la mémoire", est gourmand de bonnes feuilles qu’il ressuscite, par réimpression : des ouvrages anciens à caractères régionaux, des pépites ou des filons, tel ce lexique des sobriquets ou encore le grand dictionnaire universel du XIXe  siècle (créé entre 1866 et 1876), en vingt-quatre volumes. Sous son règne, plus de 7 000 textes ont ainsi été mis au jour. "Certains ont une diffusion confidentielle mais l’essentiel est que le texte existe et participe, à nouveau, au bouillonnement des idées."

Aujourd’hui, Christian Lacour puisant dans la documentation familiale et celles des bouquinistes de France et de Navarre, sait pouvoir poursuivre sa mission dix ans encore. Passionnément. En s’enivrant de l’odeur de l’encre. Sans jamais renier les fondamentaux du métier ou regarder la montre. "J’adore travailler avec mes proches. On partage le pain et le vin. Je pratique un système relationnel paternaliste."

À leur tour, ses dix employées s’inscrivent dans la longévité. Quand Christian Lacour intègre son bureau en forme de cabinet des curiosités, au premier étage de l’auguste maison où ses pieds de voyageur foulent un tapis de fleurs de lys, c’est pour ausculter cette vieille bête à plusieurs pattes qu’est son affaire. "C’est l’ensemble qui produit l’équilibre", précise ce patron qui a multiplié la palette des activités : librairie, papeterie, édition, imprimerie, vente d’objets d’art ou religieux. Il a d’ailleurs, sur Courbet, créé la vitrine la plus délirante de la ville ! Il emprunte aussi les voies nouvelles d’internet (le site a été construit en 2000), dont il apprécie le service bibliographique et l’apport d’une clientèle internationale. Mais, sur le bureau de ses ancêtres, c’est à la plume qu’il répond à son courrier. En souvenir de Voltaire ? Parce qu’"il vit avec les livres comme avec les hommes".

"J'irai jusqu'à mon dernier souffle mais je suis préoccupé"

Et demain? Écrire une suite aux pages de l'histoire. «J'irai jusqu'à mon dernier souffle», promet Christian, les mains dans le cambouis, en espérant que sa fille Christy, actuellement étudiante, assure la relève. Mais le chef d'entreprise est
inquiet. «Notre maison a traversé deux guerres mondiales. C'était dur, moins pourtant que depuis l'Europe l'euro. On peut maîtriser les édiles irresponsables, les inondations, mais on ne peut rien face à un pays qui s'affaisse. On est dans la déraison. C'est très préoccupant!  Comment, dans ce contexte, faire vivre les mémoires authentiques de la France profonde? C'est un vrai challenge. » Durer? La réponse pourrait être une devise: « Aimer ce que l'on fait, le faire sans compter. »

A LA PAGE
Des ancêtres
Sous les rois, c'est la «piétaille de l'écrit» des 0llé-Lacour qui débutaient dans le Haut-Comminges (Pyrénées). Puis, sous Napoléon III, l'ancêtre Jean-François Marcelin 0llé se sédentarisa et créa sa librairie à Nîmes.

Des repères                                                                                                                                                                                                                 L'année dernière, l'entreprise a enregistré une augmentation des demandes de textes historiques par des auteurs de l'époque. «Aujourd'hui, les gens sont en quête d'identification. Ils cherchent des repères. Les quatre volumes de la théorie politique de la monarchie française sous la plume du vicomte De Lézardière (collection Montjoie Saint-Denis), en réimpression, rencontrent un succès inattendu. »

Des mascottes
Dans les ateliers d'impression, la maison élève des mascottes. Le python royal, dit Serpatas. succède à Popol, symbole d'une guerre larvée avec le maire Jean-Paul Fournier. La pie Pikilla. sauvée d'un chat, refuse de quitter sa cage ouverte. Les deux font bon ménage avec les tortues, autres symboles d'une très longue durée de vie.
 

POLITIQUE
«Piège à mouches»
Son chapitre politique est clos. Cette tranche de vie, vingt ans. correspond « à une période de découverte nourrit de rapports humains, intéressants, avec le bon peuple de France », résume Christian Lacour, heureux que cet épisode n'ait pas entamé les racines professionnelles. « Dès lors que l'on a fait le tour de l'impossibilité de faire avancer les choses, le piège à mouches ne fonctionne plus. »

Chef de clan                                                                                                                                                                                                                                                                    Marcelin 0llé, l'ancêtre du commerce du livre, est né en 1823 dans une famille où vingt colporteurs commerçaient dans tout le pays et même jusqu'aux Etats-Unis, dans le Mississippi.

Rue Nationale
Chacune des sept générations a apporté sa pierre: sous l'impulsion d'Adolphe et Marcel Lacour, en 1936, l'entreprise achète le bazar Frasse, rue Nationale.

 

FRANÇOISE CONDOTTA

 

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20/02/2012

Lu 5 fois Dernière modification le vendredi, 21 juin 2019

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